SEMINAIRE-ATELIER SUR LA LIBERTE DE LA PRESSE

Rapport Général

L'an 2012, les 10 et 11 mai, s'est déroulée, à Libreville, la deuxième phase des activités marquant de la Journée Mondiale de la liberté de la presse au Gabon. La première phase s'étant tenue les 03 et 4 mai.
Placée sous le Haut-patronage du président de la République, chef de l'Etat, S.E. Ali Bongo Ondimba, ces assises, organisées en un séminaire-atelier, à l'Auditorium de la Maison Georges Rawiri, étaient l'initiative l'Union Internationale de la Presse Francophone-(UPF), Section Gabonaise-, en collaboration avec l'Unesco, le RPJ Gabon et l'Association des Professionnels de la Presse Ecrite Libre (APPEL), et en partenariat avec le Ministère de l'Economie numérique, de la Communication et de la Poste.
Trois allocutions ont été ont ponctué la cérémonie officielle d'ouverture des travaux.

Premier intervenant, Jean-Pascal NDONG, président de l'UPF Gabon, a souhaité la bienvenue aux participants et indiqué les points sur lesquels devait porter le séminaire-atelier :
- La liberté de la presse au Gabon, 50 ans après ;
- La dépénalisation des délits de presse au Gabon ;
- Le financement et la gestion d'une entreprise de presse.

S'agissant du premier point, l'UPF et ses partenaires ont mis à dessein de mettre l'accent sur les rapports régissant les médias et les systèmes démocratiques, dans la perspective d'un questionnement sur l'influence réelle, ou supposé, du quatrième pouvoir.
Pour ce qui est de la dépénalisation des délits de presse, le responsable de l'UPF-Gabon a exprimé la nécessité de redéfinir, à travers le débat, le concept de diffamation. Il a, par ailleurs, souhaité un toilettage profond des textes qui régissent la corporation.
Après avoir rappelé les principes de toute entreprise, dont l'objectif est de maximiser le profit et de minimiser les coûts, le président de l'UPF-Gabon a fait remarquer que la presse, dans le pays, brille par son caractère précaire : à peine quelques publications sortent du lot. Pour lui, les débats en atelier devaient permettre de trouver des pistes de solutions, à même d'édifier les entrepreneurs de presse sur la vie et le fonctionnement de telles structures.

Deuxième intervenant, M. Mohammed Bachiri, Représentant au Gabon du Bureau multi-pays de l'Unesco, a salué l'initiative prise par les professionnels de la Communication d'organiser ce séminaire-atelier, en partenariat avec le ministère de tutelle. Ce qui, selon lui, augure d'un regain de dynamisme dans le monde associatif relevant du secteur.
Le Représentant de l'Unesco a rappelé la nécessité de la mise en place d'un cadre réglementaire approprié, s'appuyant sur le droit international, notamment sur l'article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme (DUDH) et sur les dispositions du Pacte international relatif aux droits civiques et politiques. Ledit pacte engage tous les pays signataires à établir les garanties fondamentales de la liberté d'expression d'où découle la liberté des médias.
L'orateur a poursuivi en soulignant que la place des médias, dans une société qui se veut démocratique, révèle la santé de cette dernière. Mais, pour lui, « il ne suffit pas que les gouvernements et les organisations donnent accès à l'information. Les journalistes sont indispensables à l'exercice de notre 'droit de savoir ' et ils doivent, par conséquent, être en mesure de travailler dans un environnement propice à la promotion de la démocratie et au développement des médias ».
M. Bachiri a, de ce fait, proposé la fédération de l'ensemble de la profession autour du service public, pour l'intérêt général et l'adhésion du plus grand nombre de professionnels à ces structures.
Le Représentant de l'Unesco, revenant sur le Rapport-pays d'évaluation du développent des médias au Gabon, a renvoyé les séminaristes aux diverses recommandations qui sont formulées. Il a ainsi souhaité que des mécanismes internes de veille et de promotion du droit à l'information soient mis en place et que les professionnels de la communication se donnent les moyens d'exercer un droit de proposition et de veille sur les questions de législation et politique publique relative aux médias.
L'Unesco se dit prête à accompagner les acteurs du secteur des médias, dans la mise en oeuvre de ces recommandations, à travers des programmes et plans d'actions.
Intervenant sur le contenu des thèmes de l'atelier, M. Bachiri s'est appesanti sur la question de la dépénalisation des délits de presse, en s'appuyant sur les recommandations de l'Unesco aux Etats-membres d'oeuvrer à cette fin. Ainsi, conformément aux standards internationaux, la diffamation, les injures, la calomnie, ces délits devraient être régis par le Code civil et non par le Code pénal.

A son tour, le Secrétaire Général, M. Michel Kiki Mbou, représentant le ministre de l'Economie numérique, de la Communication et de la Poste, empêché, a reconnu que le Rapport-pays sur le développement des médias au Gabon, remis le 03 mai dernier, dresse, non seulement un diagnostic de la situation des médias au Gabon, mais formule également des recommandations, aussi bien, au Gouvernement de la République, aux partenaires eu développement, qu'aux professionnels du secteur communication.

M. Kiki Mbou a rappelé que le journaliste est un citoyen vivant au sein d'un environnement socioculturel spécifique, qu'il est porteur d'une certaine vision pour sa communauté pour sa communauté, et par extension, son pays. Et d'exhorter l'assistance à partager ce dilemme :
« En tant que citoyen et acteur du développement, le journaliste a-t-il le droit, sur un plan purement moral, d'oeuvrer à la fragilisation ou à la destruction d'un groupe ou d'une structure sociale ?
A contrario, a-t-il le droit, étant détenteur d'information pouvant paraître capitale, de les taire, au point de devenir complice de certaines situations ou d'actes préjudiciables pour son pays ?
De là, le Secrétaire Général a souligné la nécessité, pour le journaliste, de pouvoir dissocier les conflits d'acteurs et les conflits de buts.
S'agissant du cadre réglementaire, le représentant du ministère de la Communication a informé les séminaristes que plusieurs réformes sont en cours qui doivent permettre l'amélioration du cadre d'exercice et d'expression de cette noble profession.

Avant le démarrage des travaux en atelier, un bureau a été mis en place et composé, ainsi qu'il suit :

- Président : Jean Clair Total BEKALE Be NGUEMA ;
- Rapporteurs : Fidèle BITEGHE MINKO et Christian NDONG EYENE

Une fois le bureau installé, les séminaristes ont suivi l'exposé du premier conférencier, notre confrère Samson Ebang Nkili, un des fondateurs de l'UPF-Gabon et journaliste en service à l'Agence gabonaise de presse.
Thème développé : la liberté de la presse au Gabon, 50 ans après.
Le conférencier a indiqué à l'assistance que l'histoire de la presse gabonaise est plutôt vieille de 90 ans, parce qu'elle remonte à la création du premier journal gabonais, L'Echo du Gabon, de Laurent Antchouet, le 22 juillet 1922.
Samson Ebang Nkili a retracé cette histoire, en précisant qu'elle n'a été le fait des journalistes professionnels, mais de nombreux « amateurs » de diverses corporations, mus par le désir d'informer.
C'est ainsi que, la situation politique évoluant vers la fin de la 2ème Guerre mondiale, les syndicats, partis politiques, associations et coopératives voient le jour dans les colonies, sur la base du décret du 7 août 1944. Ces différents groupements vont créer des outils d'information, pour véhiculer leurs messages.
Nous avons, entre autres, Union gabonaise, organe de presse du Bloc démocratique gabonais, BDG, formation politique de Paul Ngondjout et Léon Mba ; Le Pilote et Renaissance, journaux de l'Union démocratique et sociale Gabonaise (UDSG) de Jean-Hilaire Aubame ; La Cognée, bulletin du Mouvement national pour la Révolution au Gabon (MNRG) de Germain M'Ba ; Réalités gabonaises, revue des enseignants et, enfin, Gabon matin, quotidien appartenant au Français, Michel De Breteuil.
L'Etat n'intègre cette mouvance qu'en 1959, avec la création de sa première radio (Radio Gabon). Et tout de suite se pose le problème des professionnels pour animer ce nouveau média. Le même scenario se répète en 1963, avec le lancement de la télévision. Jean-Claude Mangeot, Français, entreprend alors d'encadrer des jeunes Gabonais, pour l'animer.

L'Union et Africa n°1, nés plus tard, connaîtront une meilleure fortune, en matière de professionnalisme. Mais un autre contexte influence l'exercice du métier de journaliste au Gabon, explique l'orateur, c'est le passage, en 1968, à la naissance de la IIe République, lors du passage au régime de parti unique. Le rôle attendu du journaliste, dans cette période, qui court jusqu'en 1990, ne sera plus celui d'informer objectivement, mais d'être le griot des politiques.

Un décret présidentiel pris en 1969, précisera d'ailleurs, que les moyens de la communication et de la diffusion sont mis à la disposition exclusive du chef de l'Etat.

Cependant Dans cet environnement, quelques initiatives audacieuses ont été observées. Samson Ebang Nkili a cité les émissions, telles que : « Désinvolture » et « Les dossiers de la RTG », à travers lesquelles les journalistes essayaient d'introduire le débat contradictoire, voire, mettaient sur la place publique, certains dossiers compromettants.

Comme tout le monde le sait, la Conférence nationale de 1990 constituera le véritable tournant, pour le retour à l'expression libre de la presse. Le pluralisme des médias se fait jour avec la naissance de nombreux journaux et aussi de radios privées.

A ce conclave, duquel découlera la Constitution multipartite du 26 mars 1991, marquant le passage à la IIIe République, une Charte nationale des libertés est édictée, qui consacre la liberté d'expression et de communication, reprises à l'article 1er alinéa 2 de la loi fondamentale actuelle et par l'article 3 de la loi 12 / 2001 portant Code de la Communication.

Le conférencier a reconnu que l'évolution de cette jeune presse a été marquée par des dérives et des dérapages. Ce qui aura constitué une porte ouverte à toutes sortes de tourments à l'encontre de la profession.

Cette situation a contribué à fragiliser considérablement le rôle et les missions de la presse qui, selon l'orateur, ne trouvent tout leur sens que dans le respect des règles d'éthique et de déontologie.

Le conférencier a bouclé son intervention, en notant la fragilité de la corporation, qui vient, une fois de plus, de se révéler à travers la récente nomination des membres du Conseil National de la Communication. Par le passé, le secteur communication avait le pouvoir légal de désigner trois des 9 Membres de l'institution de régulation et que ce droit lui a été retiré.

Et Samson Ebang Nkili de se demander, pour conclure son propos : « En quoi et à partir de quoi, c'est le Sénat et l'Assemblée nationale qui proposent nos membres au CNC ? »

Après cet exposé, les participants à l'atelier ont félicité le conférencier, pour les nombreux rappels historiques et la pertinence des questionnements soulevés. Plusieurs, parmi eux, y ont apporté des contributions et émis certaines interrogations, notamment, par rapport à la classification que l'orateur a donnée des types de journalistes à identifier au Gabon, à savoir : les griots, les journalistes assassins de la démocratie et les journalistes mercenaires de la plume.
Certains intervenants ont estimé cette classification discutable, surtout, parce que n'intégrant pas ces professionnels qui, chaque jour, oeuvrent à la diffusion d'une information exacte et crédible.

Ce point de vue a été émis par Emile Boulingui Koumba, journaliste. Fidèle Biteghe, lui, a rappelé que le fait, pour les journalistes, d'avoir une idéologie, ne constitue en rien une tare, puis que les choses se présentent ainsi partout ailleurs, un autre confrère s'est interrogé sur la question de la ligne éditoriale et de la clause de conscience, qui président, en fait, à la liberté des médias, des journalistes, à leur indépendance et, finalement, à l'expression pluraliste, dans un environnement sociopolitique qui se veut démocratique.

D'autres questions ont été soulevées, concernant la marge de manoeuvre réservée aux journalistes, en termes de liberté, dans les médias d'Etat et, bientôt, de service public.

Les réponses et contributions qui y ont été apportées ont fait ressortir l'intérêt de la formation des cadres de la communication, sur la créativité et le souci de responsabilité et d'exercice constructive de sa liberté personnelle. Mais ceci n'est pas suffisant, compte tenu des blocages et des censures observées dans les rédactions des médias d'Etat.

Notre confrère Crépin Nganga a fait remarqué que cette faiblesse et bien d'autres ne se perpétuent que parce que les professionnels de la communication pèchent par manque d'organisation. Ce qui, du reste, ont souscrit d'autres confrères, participe de l'incapacité du secteur à influer sur le choix des Conseillers membres du Conseil national de la communication, ainsi que cela a été fait récemment.

La deuxième journée de ces travaux s'est poursuivie avec l'intervention de monsieur Joël Akouango, Directeur de l'Exploitation du quotidien « L'UNION »sur : « Le financement et la gestion d'une Entreprise de Presse ». Le conférencier, après avoir donné les principales caractéristiques de l'Entreprise de Presse, qui a une double nature, à la fois produit intellectuel et économique, le développement de celui-ci se fait grâce aux recettes de ventes, aux ressources publicitaires (essentielles parce que représentant plus de la moitié du chiffre d'affaire 48%) et aux aides de l'Etat, qui se font de manière directe ou indirectes, avec les problèmes d'éthique et d'équité que cela pose. 

De cette ambivalence, ce produit industriel, très exigeant, doit être recréé chaque jour, pour éviter qu'il ne se défraîchisse. Et comme tout produit, expliquera- t-il, obéit aux lois du marché, et doit, non seulement s'adapter aux besoins de ses lecteurs, mais aussi, veiller à son contenu, qui doit revêtu d'objectivité, de professionnalisme et de créativité, pour que les maîtres mots de la profession, que sont : informer, renseigner, analyser, critiquer, divertir soient respectés, s'il veut se développer, et vivre des recettes de ventes du journal.

En fait, monsieur Joël Akouango, a démontré les difficultés liées au financement et à la gestion d'une Entreprise de Presse qui a la particularité d'être structurellement déficitaire à cause des coûts de fabrication, du prix de vente fixé par les Pouvoirs publics en fonction du niveau de vies des populations. D'où la nécessité de s'appesantir sur l'impact de la Publicité qui est un des maillons incontournables dans la survie de l'Entreprise.

L'autre aspect évoqué par le Directeur de l'Exploitation de l'UNION, est le Regroupement des journaux au sein d'un Gie-coopératif, Groupement d'Intérêt Economique.

Selon le conférencier, les réalités du moment, ayant pour principales préoccupations, la survie de leurs structures, ont décidé, de créer un Centre industriel d'impression commun dont les frais fixes sont supportés à part égal par tous les éditeurs, alors que les frais variables-papier et autres consommables - sont facturés au prorata des tirages, du nombre des pages et de couleurs. Cependant, une telle opération, précisera-t-il, ne se justifie que si les journaux participants disposent de fonds propres suffisants et équivalents.

Pour terminer son propos et avant de répondre aux questions des professionnels de la Communication, il a insisté sur la formation et le perfectionnement des hommes et femmes de presse, qui reste une véritable préoccupation et, a en retour, déploré la mise en place d'une école ou d'un Centre de perfectionnement de la presse écrite au Gabon, à cause de la faiblesse de la population professionnelle.

 Les interrogations des professionnels des médias ont été axées entres autres sur :

-le monopole des annonces et de la publicité par l'UNION, ainsi que sa relation avec Sonapresse, Multipress Gabon et Sogapresse. Pour Joël Akouango, cette situation s'explique par la position de monopole d'autrefois, les annonceurs ayant fait le choix du quotidien, en s'appuyant sur les critères de vente et de qualité qui font la différence.
En ce qui concerne Multipress, il a précisé que celle-ci est devenue le principal actionnaire de Sonapresse, mais les deux entités fonctionnent de manière distincte.
La question du financement de la presse locale d'un grand intérêt, est capitale pour le développement de la presse, tant pour lui, que pour le Président de -l'UPF Gabon, qui a reconnu l'existence des niches de financement, mais qui passe par une organisation des professionnels de la Communication.

Après l'exposé sur le financement et la gestion des entreprises de presse, Jean-Pascal Ndong, président de l'UPF-Gabon, a, à la demande des participants, fait une brève présentation de cette structure et des démembrements y relevant. Il a invité les journalistes a adhérer à l'UPF, afin de bénéficier des avantages de formation et d'encadrement découlant de cette organisation de la Francophonie.

Les séminaristes ont suivi, par la suite, la communication du M. Egneng Zolo, professeur de droit à l'Université Omar Bongo et conseiller du Président du Conseil national de la Communication, communication ayant porté sur « la dépénalisation des délits de presse au Gabon ».
L'orateur a, d'entrée, encouragé les autorités gabonaises à s'engager rapidement dans le mouvement de dépénalisation des délits de presse, déjà en marche dans de nombreux pays africains. Il a cité l'exemple de la Côte d'Ivoire, du Bénin, de l'Afrique du Sud et du Tchad, qui ont déjà rendu effective cette nouvelle donne dans leurs législations. Il a aussi noté que d'autres pays comme l'Algérie et le Sénégal, en débattent actuellement.
Afin de situer ce débat, le Pr Egneng Zolo a tenu à apporter une clarification à la notion de dépénalisation des délits de presse, en s'inspirant de la définition donnée par « Journalistes en danger », qui indique que, « dépénaliser les délits de presse, c'est sortir les infractions commises par voie de presse du régime pénal pour en faire des infractions relevant du droit civil ».
De là, l'orateur a esquissé une définition plus simple, en expliquant que, dépénaliser les délits de presse, c'est faire en sorte qu'aucun journaliste ne puisse allé en prison, pour avoir collecté, traité et diffusé une information, exception faite pour les incitation à la haine ethnique, raciale ou religieuse, à l'apologie du crime, de la violence, à l'appel au meurtre, qui sont les antithèses des délits de presse.
Après cette définition, le conférencier à soulevé la problématique même de la dépénalisation des délits de presse. Il s'est appuyé, pour y répondre, sur la position émise par l'historien et chroniqueur béninois, Jérôme Carlos, pour qui, « il s'agit, en parlant de dépénalisation, de renforcer la liberté reconnue, nécessaire à l'exercice d'une profession d'utilité publique, une profession orientée vers la satisfaction de droits fondamentaux que sont : le droit d'informer et le droit du public à s'informer et à être informé. » _ 
L'objectif de la dépénalisation des délits de presse, dira alors l'orateur, serait de réduire, chez le journaliste, la peur du gendarme, souvent à l'origine du phénomène d'autocensure.
Le conférencier a, toutefois, constaté que la dépénalisation ne consacre ni l'impunité du journaliste, ni son irresponsabilité. En lieu et place de peines privatives de liberté, ce nouveau régime prévoie plutôt des sanctions pécuniaires.
Citant de nouveau Jérôme Carlos, l'orateur, a relevé cependant que l'idée d'imposer des amendes, des peines pécuniaires à la place des peines d'emprisonnement, peut être, si l'on n'y prenait garde, pour la presse et pour le public. Car, une amende, selon son niveau et sa hauteur, peut fragiliser une entreprise de presse et mettre son existence en danger
Après ces questionnements, le Pr Egneng Zolo a dressé un état des lieux du dispositif légal en la matière sur le plan local. Il a, de ce fait, a passé en revue l'arsenal répressif mis en place par les autorités compétentes, pour sanctionner les délits de presse, notamment les dispositions du Code de la Communication et celles du Code pénal.
Pour ce qui est du Code de la Communication, l'orateur a relevé des disparités dans le mode de traitement réservé à la presse audiovisuelle et la presse écrite, le législateur s'étant montré plus sévère vis-à-vis de la presse écrite. Pour ce qui concerne l'audiovisuel, le Code de la communication retient plutôt des peines d'amendes, alors que, concernant la presse écrite, c'est l'emprisonnement qui est le plus largement requis par la loi.
S'agissant du Code pénal gabonais, son dispositif est encore plus répressif et les articles s'y rapportant aux délits de presse, très nombreux, appellent à des peines excessivement lourdes.
Souscrivant à la position de l'Unesco, reprise dans le Rapport-pays 2011 sur le développement de la presse au Gabon, le conférencier a, au titre des perspectives, proposé deux axes de solutions, afin de parvenir à la dépénalisation des délits de presse :
1 la révision du Code de la Communication, dont le projet est en cours, avec la suppression pure et simples sanctions judiciaires qui s'y trouvent (articles 88 à 93 et 116 à 135) ;
2 la révision du Code pénal.

Cet exposé, qui a suscité un grand intérêt de la part des participants, a été suivi d'un long débat. Au cours de celui, les intervenants se sont interrogé sur l'utilité du Conseil National de la Communication, qui régule le secteur et inflige des sanctions administratives. Ils ont posé la question de la double peine pour le même délit.
Le conférencier, en réponse et, en tant Conseiller du président du CNC a précisé que l'institution constitutionnelle s'assure généralement qu'il n'y ait pas double sanction contre un média.
L'assistance a, par ailleurs, soulevé la question de la portée des décisions du CNC sur la survie des entreprises de presse, en souhaitant que ces dernières tiennent compte de la viabilité de ces organes.

Recommandations
Nous, professionnels de la Communication, réunis à Libreville, les 10 et 11 mai 2012, dans le cadre de l'atelier organisé par l'UPF-Gabon, le RPJ Gabon et l'APPEL, à l'occasion de la 21eme Journée mondiale de la liberté de presse, appelons les communicateurs :
- à s'organiser dans une structure interprofessionnelles forte ;
- à dynamiser les organisations socioprofessionnelles du secteur, afin de les rendre plus actives et efficaces ;
Recommandons :
La mise en place d'un organe de suivi des recommandations issues de la présente journée de la liberté de la presse et du dernier rapport-pays sur le développement de la presse au Gabon ;
Sollicitons l'appui de l'Unesco, auprès du Ministère de l'Intérieur, pour l'aboutissement du dossier de légalisation du Forum Gabonais pour le Développement de la Communication (FOGADEC), Organisation non gouvernementale mise en place à l'issue de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de presse en 2011 ;
Encourageons le Gouvernement :
- à accélérer la procédure d'adoption du nouveau Code de la Communication ;
- à revoir le mode de désignation des membres du Conseil National de la Communication, en revenant à l'ancienne formule, qui accordait à la corporation le droit d''élire trois membres.

Fait à Libreville le 11 mai 2012

Le Bureau