La délégation gabonaise regagne Libreville après le Forum de Bangkok sur les Technologies de l'Information et de la Communication

Avant de quitter la capitale du Royaume de Thaïlande, le Ministre de l'Economie Numérique, de la Communication et de la Poste, Monsieur Blaise LOUEMBE, à la tête de ladite délégation, a prononcé un discours à l'endroit des investisseurs, à la faveur du grand Lunch « Gabon Networking Lunch », organisé dans le but d'édifier la communauté internationale sur les avancées du Gabon, dans son exploration de la planète numérique, dont voici l'intégralité de son intervention.

Excellences, Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Secrétaire Général de l'Union Internationale des Télécommunications,
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,

Le Gabon par ma voix souhaite la plus cordiale des bienvenues aux invités à ce Networking Lunch et de remercier particulièrement les autorités Thaïlandais pour l'hospitalité et les excellentes commodités mises à la disposition de la délégation gabonaise.

Permettez-moi ensuite de noter la présence parmi nous de Dr Hamadoun Touré, Secrétaire Général de l'UIT,  de relever et surtout de soutenir sa volonté et sa détermination à faire de cet évènement annuel le cadre idéal de discussion des enjeux du secteur des TIC.

Qu'il me soit permis enfin, de saluer la présence très remarquée de nombreux hommes d'affaires et investisseurs privés ainsi que les partenaires au développement qui ont répondu positivement à notre invitation et à qui cet moment de plaisir est particulièrement réservé.

L'importance des technologies de l'Information et de la Communication (TIC) dans le développement économique et la réduction de la pauvreté, n'est plus à démontrer, surtout en Afrique. Les TIC, en effet, ont bouleversé nos habitudes, changé notre mode de vie et transformé le monde en un village planétaire que l'on souhaite sans limites. C'est pourquoi, dans cette quête infinie de la connaissance et cette volonté affichée de toujours communiquer, les perspectives d'avenir restent encore nombreuses et inexplorées, tant le rôle des TICs ne cesse de prendre de l'ampleur dans de nombreux secteurs d'activités. Le grand succès de l'usage du téléphone mobile et de l'Internet par un nombre sans cesse croissant d'abonnés en Afrique en est une preuve palpable.

Mesdames et Messieurs,
Distingués invités,

Notre pays pour son développement économique et social, a mis un place un Plan Stratégique Gabon Émergent, basée sur trois piliers que les gabonais appellent avec élégance : le Gabon Vert, le Gabon Industriel et le Gabon des Services à haute valeur ajoutée.  La volonté, clairement affichée, de S.E.M. Ali BONGO ONDIMBA, Président de la République, Chef de l'Etat, est de donner aux TIC un rôle central dans ce Plan Stratégique et de faire du Gabon un Pays émergent à l'horizon 2025. Conformément à cette volonté du Chef de l'Etat, le Gabon s'est résolument engagé, avec le soutien de partenaires internationaux, dans un vaste programme de modernisation et de construction d'infrastructures numériques. Cet ambitieux programme permettra à terme  non seulement d'améliorer la connectivité de l'ensemble des secteurs du territoire mais aussi, d'offrir aux populations des  services « large bande » en adéquation avec les dernières innovations technologiques en la matière.

Le présent Networking Lunch me donne l'occasion de présenter notre stratégie de développement du secteur des TIC en insistant sur le rôle que peuvent jouer les investisseurs, les équipements, les intégrateurs de solution et surtout les bailleurs de fonds ici présents.

D'abord, il convient de noter que toutes les garanties sont prises pour protéger et assurer aux potentiels opérateurs un retour sur investissement. Pour ce faire et avec l'assistance de l'IUT et d'un cabinet juridique de renommée internationale, nous avons instauré un cadre réglementaire et législatif cohérent, stable et conforme aux nomes internationales. Dans ce sens, des nouvelles lois sont déjà adoptées ou en cours d'adoption par les chambres du parlement. Sans être exhaustif, on peut en citer sept :
-    La loi sur la cybercriminalité au Gabon
-    La loi sur la cybersecurité au Gabon
-    La loi sur les transactions électroniques au Gabon
-    La loi relative à la protection des données à caractère personnel au Gabon
-    La loi portant réglementation des communications électroniques au Gabon
-    La loi portant mise ne place de la cryptologie au Gabon
-    La loi d'orientation sur la Société de l'Information et de l'économie numérique au Gabon.

Pour asseoir le "Gabon des Services à haute valeur ajoutée", nous avons entrepris un programme d'équipement pour assurer la couverture intégrale du territoire en fibre optique, en faisceaux hertziens, en Vsat et en Wimaw. Ces supports de transmission sont complémentaires. Leur réalisation se fait par une agence spécialisée ; il s'agit de l'Agence Nationale des Infrastructures et des Fréquences. En revanche, la gestion de ces infrastructures numériques se fait par une autre agence appelée Société de Patrimoine et des Infrastructures Numériques. Cette société disposera de quatre filiales qui peuvent recevoir des capitaux privés. Il s'agit de :
o    ACE Gabon : qui va assurer la gestion de la fibre optique maritime ;
o    Gabon Fiber : qui va assurer la gestion de la fibre optique continentale ;
o    Gabon Tower : qui va assurer la gestion des points hauts de communication mutualisés ;
o    Gabon Cloud : qui va assurer la gestion de tous les Data-center tant au niveau national qu'international.

En ce qui concerne la fibre optique, nous ambitionnons faire du Gabon un véritable hub dans la sous-région. Nous estimons déployer près de 6.500 km  de câbles avec une interconnexion aux pays frontaliers que sont les deux Congo, le Cameroun, la République Centrafricaine ainsi que la Guinée Équatoriale. Cette interconnexion sera faite par la suite aux deux points d'encrage internationaux que sont les câbles ACE et SAT3.  Une première partie de ce programme à été déjà réalisée avec l'assistance de la Banque Mondiale ; il s'agit totalement de la fibre optique maritime Libreville-Port-gentil et partiellement de la première partie du backbone continentale qui va se connecter à la République du Congo. L'essentiel de l'implémentation de la fibre optique reste à faire, les financements sont à rechercher, surtout que la rentabilité économique est à ce jour reconnue par les instances internationales. La gestion de cette fibre se fera au normes du privée par une filiale de la société de patrimoine, la SPIN (société de patrimoine et des infrastructures numériques) créée à cet effet. L'Etat Gabonais assure ainsi sa neutralité dans le monde des affaires.

Dans les mêmes dispositions de gestion et de construction que la fibre optique, un réseau de faisceaux hertziens se met en place. Il s'agit de mutualiser les pylônes, les redéployer sur toute l'étendue du territoire pour une gestion optimale du téléphone, de la télévision et de la radio par tous les opérateurs du secteur. Ce parc d'antennes et de pylônes sera aussi gérer par une filiale de la SPIN. Dans ce secteur, les dossiers d'appels d'offre seront bientôt disponibles pour une réalisation en 2014. Actuellement chaque opérateur de téléphonie mobile déploie avec peine son propre réseau de pylône uniquement dans les grandes villes sans forcément assurer la couverture intégrale du territoire.

En complément de la fibre optique et des faisceaux hertziens, le Gabon envisage de compléter la couverture intégrale par un réseau de VSAT dans les milieux ruraux. 2423 villages seront ainsi couverts pour recevoir les quatre plays que sont la Radio, le téléphone, la télévision et l'internet. Les investissements dans ce sens sont déjà assurés par une société gabonaise.

Enfin permettez-moi d'indiquer que pour les besoins de l'administration publique nous sommes en train de développer un réseau wimax intégré. Ce réseau Wimax couplé au " Cloud" sera le support des développements de l'e-gouvernement. Dans ce domaine le processus d'investissement est déjà bouclé par l'ANINF.

Par ailleurs, afin de favoriser l'émergence d'opportunités innovantes d'investissements au Gabon, un projet de construction d'une Technopole de l'Economie Numérique dans la Zone Franche de l'Ile Mandji, située à Port Gentil, la capitale économique du pays a été lancé.

Ce projet dénommé « Cybercity de l'Ile Mandji (CIM) » sera l'écosystème par excellence pour le développement et la promotion de l'Economie Numérique par le biais de l'installation des sociétés internationales spécialisées dans les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC).

En vue de soutenir la création d'entreprise dans le domaine des Technologies de l'Information et de la Communication, un incubateur de Start-up sera créé dans la zone économique spéciale (ZES) située dans la périphérie de Libreville pour accompagner le développement du Cloud Gabon.

Enfin en plus du point d'échange internet et du nom de domaine .ga qui sont désormais fonctionnels, un réseau de Data Center est en cours d'implémentation pour permettre aux grande sociétés d'héberger en Afrique, au Gabon leurs mémoires et faciliter les moteurs de recherche. De même, le Gabon vient de confier à L'ANINF, le rôle d'Autorité de Certification Nationale des transactions électroniques.

Toutes ces infrastructures de base sont les supports fondamentaux de l'implémentation des services à haute valeur ajoutée que sont le téléphone, l'Internet, la télévision et la radio.

En matière de téléphone et d'Internet, nous entendons faire un saut qualitatif en passant de la 2G à la 4G pour le développement des m-services, avec en prime une baisse des coûts des facteurs. Le haut débit par le téléphone complètera le haut débit par la fibre optique et le faisceau hertzien.

En ce qui concerne la migration de la télévision analogique vers la télévision numérique de terre (TNT), un programme triennal pour la couverture du territoire national est  en cours d'exécution. L'échéance de 17 juin 2017 conformément au calendrier international de l'IUT sera de ce fait respectée. Un cabinet spécialisé recruté par appel d'offre accompagnera le Gabon dans l'implémentation et le choix des équipements.

Pour venir au sujet principal de l'ITU Telecom World Forum 2013 savoir « ACCUEILLIR LE CHANGEMENT DANS UN MONDE NUMERIQUE » qui a vu une grande partie de ses travaux porter sur l'éducation, permettez moi d'indiquer que le Gabon dispose d'une stratégie d'implémentation de l'e-éducation. Dans ce sens, son S.E.M. Ali Bongo-Ondimba, Président de la République, Chef de l'Etat dit, je cite « Le pilier Gabon des Services renvoie à la valorisation, non plus des matières premières du sol ou du sous-sol, mais du capital le plus précieux du Gabon, son capital humain. Dans une économie mondiale devenue une économie de la connaissance, ce capital humain doit être formé, s'approprier sans complexe le meilleur des nouvelles technologies et porter l'éclosion de nouveaux services, dans l'éducation, le transport, la santé, la sécurité, les services financiers, les services administratifs aux citoyens, où de manière plus générale dans l'économie numérique. »

Joignant l'acte à la parole, notre pays qui dispose déjà du premier institut  africain d'informatique (IAI) depuis 40 ans, à depuis 2009, favorisé la mise en oeuvre d'établissements intégrant tous ces changements autour de zones franches et de pôles d'excellences à travers trois actions majeures :

-    Equiper et vulgariser l'accès Internet dans le secteur éducatif ;
-    Créer et diffuser des contenus éducatifs (du pré primaire à l'université) soit 3650 établissements publics ;
-    Former les enseignants, professeurs et chercheurs ...soit 22.000 personnes.

Trois objectifs prioritaires à  court terme sont à retenir :

-    Horizon 2014 : finalisation et mise en place effective de 50 salles numériques  et l'interconnexion de 100 établissements  à l'horizon fin 2014 ;
-    Mise en place d'une plate forme e-learning pour permettre aux étudiants d'accéder à des formations en ligne.
-    Mise en place d'une chaîne de télévision numérique éducative. Dans le cadre de la migration vers la TNT, il s agit d'un système de vidéo à la demande (VOD) où des contenues multimédias sont chargés sur le décodeurs et consultables à volonté par les élèves scolarisés et surtout des nombreux enfants non scolarisés.

L'atteinte de tous ces objectifs reste tributaire de  nouvelles sources de financements  ou de sponsoring, c'est pourquoi un appel est lancé à l'endroit des entreprises du secteur des TIC, et des investisseurs afin de nouer des partenariats gagnant-gagnant dans le secteur de l'Education au Gabon.

Pour terminer mon propos permettez-moi de croire que l'adage qui dit "quand le bâtiment va ! Tout va" devient dépassé. Il est grand temps d'affirmer par syllogisme et sans sourciller que "Quand le numérique va ! Tout va"

Je vous remercie !

AP/MENCP